Hervé Di Rosa, L’œuvre au monde
20 oct. 2018 — 20 jan. 2019
Hervé Di Rosa est de Sète. Il y naît en 1959, dans cette île singulière comme la nommait Paul Valéry, autre sétois célèbre. Mais Sète, c’est surtout un port depuis plus de 350 ans. Peut-on voir là l’explication du goût de l’artiste pour le voyage, son appétence pour le monde ?
Depuis 1993, il a parcouru en 19 étapes, un monde géographique, un monde intime, un monde artistique, un monde humain. Voyage spatial et temporel.
Remontons le temps. Juin 1981, Bernard Lamarche-Vadel offre les murs de son loft parisien avant déménagement à huit jeunes peintres dont Hervé Di Rosa. L’exposition s’appelle « Finir en beauté ». Durant l’été de cette même année, Ben invite dans sa galerie de Nice, deux des huit artistes, Robert Combas et Hervé Di Rosa, pour l’exposition « 2 sétois à Nice ». À cette occasion, dans Libération, le 29 septembre, il invente le terme « Figuration Libre » pour qualifier plus précisément la démarche de ces artistes : « 30% provocation anti-culture,30% Figuration Libre, 30% art brut, 10% folie. Le tout donne quelque chose de nouveau».
Dans ses œuvres, il revient à la figuration, en réplique à des décennies d’art conceptuel et intellectuel. Il mêle toutes formes d’art sans divergence culturelle et géographique, sans hiérarchie de valeurs entre culture et sous-culture. Ses œuvres invitent tour à tour les beaux-arts et les arts appliqués, l’art brut et l’art cultivé, l’art occidental et non occidental. Il emprunte au graffiti, à l’affiche, à la BD, au Pop Art, au rock et au punk, à la culture des banlieues. Pendant quelques années, il exposera entre l’Europe et les États-Unis avec notamment Keith Haring et Jean-Michel Basquiat. En 2000, Hervé Di Rosa fonde à Sète, le Musée international des arts modestes, le MIAM, parce que : « Tout est art » et « Que ce soit avec un œuf Kinder ou avec un ex-voto, il faut savoir regarder. L’art modeste n’est pas un genre, c’est un regard différent sur les choses. »
Globetrotter, vagabond, pèlerin, nomade, amoureux, Hervé Di Rosa voyage. Non comme un touriste mais comme ces compagnons du devoir, qui parcourent le monde pour rencontrer, pour apprendre et partager leur métier et leur art, curieux et attentifs aux autres. Hervé Di Rosa ne confronte pas l’artiste à l’artisan, il entremêle le savoir-faire de chacun en une œuvre commune, riche de cultures, d’expériences et de sens. Dans cet œuvre au monde, rien d’exotique ou de colonial, mais une quête incessante d’images et de savoir-faire populaires dans l’altérité. Pas de lieux communs, pas de facilité, pas de clichés mais une attention particulière à repousser la normalisation des cultures, un désir profond d’échanges, une pluralité culturelle recherchée et valorisée.
De Sofia à Kumasi, de Porto-Novo à Patrimonio, de La Havane à Séville, de Tel Aviv à Miami, de Durban à Mexico, de Binh-Duong à Tunis, de Paris Nord à Little Haïti, de Foumban à La Réunion, d’Addis-Abeba à Lisbonne, avec de la toile, de la peinture, des câbles de téléphone, du laque, des sequins, des broderies, des pierres, du bronze, de l’or, de la terre, du bois, des coquillages, de la céramique, de l’argent, des peaux tannées, du verre, du papier, de l’aquarelle, des perles… aidé par les meilleurs artisans, Hervé Di Rosa, patiemment, généreusement poursuit son œuvre commencé il y a quelques décennies, peut-être sur le port de Sète. Roubaix, ville-monde, se devait d’accueillir une sélection de ces réalisations et de présenter pour la première fois au public, et au cœur de l’exposition, les dernières œuvres céramiques d’Hervé Di Rosa, réalisées lors de la 19e étape du tour du monde créatif de l’artiste, auprès des prodigieux artisans de l’entreprise Viúva Lamego, l’une des fabriques historiques d’azulejos du Portugal.
Commissariat Sylvette Botella-Gaudichon
Scénographie Cédric Guerlus/ Going Design
Catalogue publié à l’occasion de l’exposition aux éditions Snoeck avec le soutien d’Art To Be Gallery.
Cette exposition a reçu le soutien important de la Région Hauts-de-France, de la Métropole Européenne de Lille et un mécénat exceptionnel de Viúva Lamego et de l’Ambassade du Portugal en France. La scénographie est réalisée grâce au généreux concours des peintures Flamant distribuées par Tollens.
En parallèle à cet événement, deux expositions sur l’artiste auront lieu dans la région sur la même période, Hervé Di Rosa : Peintures, Peinture (1978-2018) du 20 octobre 2018 au 19 mai 2019 au Musée du Touquet-Paris-Plage et du 14 décembre 2018 au 31 janvier 2019 à la Galerie Art To Be à Lille.
Affiche de l’exposition. Hervé Di Rosa, Virgen del arte blanco – Étape 18 : Séville, Espagne, 2013
Collection particulière.
© ADAGP, Paris 2018. Photo : Pierre Schwartz