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Lecture autour de l’exposition Claude Simon. Par Jacques Bonnaffé

Claude Simon écrit comme un dieu et voici qu’il vient à nous avec un titre sorti du cours élémentaire : Le Cheval. L’avertissement au singulier sonne clair. On ne se trompera pas quand il y en aura deux, trois ou toute une troupe, pas d’exception Hormis celle des patois rudimentaires. Les mineurs, par exemple, aimaient à l’appeler le chevau, le qu’vau ce héros massif du fond carbonifère, aveugle qui ne remontait au jour qu’après la mort. Un sacrifié… Cela ne fait pas un titre « Le sacrifice », trop d’emphase pour un Claude Simon ! Et c’est pourtant toute l’histoire : cet animal épuisé n’ira pas plus loin sur la route des Flandres conduisant à la guerre. Gisant dans cette écurie d’étape et les soldats en le voyant se demandent comment ils finiront. S’ils auront comme lui conscience de cette irrémédiable « certitude de crever ». La vie tout autour d’eux agite dérisoirement ses petites lâchetés humaines, jusqu’à ce qu’une pluie maussade et froide les emporte. Que vient faire un lecteur dans ce récit tout entier livré à la pensée ? Le vrai théâtre ici, se passe derrière le rideau des fronts. On devrait lire en silence, disparaître. La voix peut à peine suivre cette écriture. Il lui reste le recours à la grâce, ou plus proche, à l’animalité. Faire souffle du cheval des mots.

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