Ticket Mécène : 3 questions à Florence Douxami, restauratrice de peintures
Depuis juin 2017, le musée a lancé une campagne de financement participatif en vue de la restauration de la toile Trois Amis, de Pierre-Jean Edmond Castan (1872). Cette peinture présente de nombreuses dégradations et nécessite plusieurs étapes de dépoussiérage et de nettoyage avant de pouvoir être exposée dans la salle dédiée aux images de l’enfance, à la réouverture du musée. Florence Douxami est la restauratrice de cette œuvre et nous présente son parcours, les missions quotidiennes liées à sa profession, ainsi que la façon dont elle va procéder pour restaurer notre belle toile Trois amis.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Florence Douxami. Je suis restauratrice peinture (couche picturale) depuis 1990, après avoir été diplômée de la « Maîtrise de Sciences et Techniques de Conservation Restauration des Œuvres d’Art », à l’université Paris1 Panthéon-Sorbonne. Je suis installée dans le Nord depuis 1996 et interviens auprès des différents musées de la région. Je travaille également pour les Monuments Historiques, et ai par ailleurs une petite clientèle privée. Il m’arrive de faire partie de groupement de restaurateurs pour intervenir sur de plus gros chantiers (restauration de 2 plafonds des appartements du Roi au château de Versailles, par exemple).
Mes missions peuvent être assez variées, allant de la restauration fondamentale d’une œuvre, au constat d’état d’un tableau avant et après exposition, en passant par le bichonnage d’une œuvre avant présentation et les interventions d’urgence en cas d’accidents ou de mauvaises conditions de conservation. J’ai aussi un rôle de conseil en matière de conservation (stockage, emballage, climat…).
Le musée est actuellement en campagne de mécénat participatif pour restaurer l’une de ses œuvres : Trois Amis de Pierre-Jean Edmond Castan (1872). Quelles dégradations a subi cette toile ?
Les Trois amis de Pierre-Jean Edmond Castan, œuvre choisie pour l’opération ticket mécène, présente des altérations surtout dues à de mauvaises conditions de conservation. Le tableau n’étant pas encadré, donc pas protégé par un cadre, il a subi un certain nombre de dégradations, allant du simple frottement sur le vernis, jusqu’à la déchirure de la toile, en passant par des griffures plus ou moins profondes, des enfoncements de la toile et des lacunes. La couche picturale est d’autre part encrassée et le vernis est un peu oxydé.
Comment allez-vous vous y prendre pour la restaurer ?
Le travail de restauration va consister d’abord à traiter la déchirure : après avoir repris la déformation de la toile, la déchirure va être consolidée fil à fil et une pièce en intissée va être collée au dos. La couche picturale sur le pourtour de la déchirure sera refixée. La couche peinte sera ensuite décrassée et le vernis allégé. La dernière étape consistera à mastiquer les lacunes et griffures pour les mettre au même niveau que la couche picturale originale, et à les retoucher avec des peintures au vernis facilement réversibles. Le tableau sera reverni afin de lui assurer une bonne protection.
Crédits photo: ©AS Hourdeaux/Croix du Nord