Agathon LÉONARD, Danseuse à l’écharpe
Agathon LÉONARD (Léonard Agathon Van Weydeveldt, dit) (Lille, 1841 – Paris, 1923)
Cette statuette représente une danseuse dans une robe très plissée, aux manches largement évasées. La jeune femme, coiffée d’un chignon, joue avec sa longue écharpe qu’elle fait voler au-dessus de sa tête, en la tenant des deux mains. Réalisée en biscuit de porcelaine blanc, elle est un élément d’un important surtout de table que la Manufacture Nationale de Sèvres commande au sculpteur Agathon Leonard en 1898 et qui fut l’un des grands succès de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris.
Né à Lille en 1841, Léonard Agathon Van Weydeveldt, dit Agathon Léonard, connut notamment à la fin du XIXe siècle un certain renom comme auteur de statuettes ou de bustes au style parfois mâtiné d’art nouveau. Le surtout de table alliant cet esprit 1900 et des références néo antiques, était composé de 15 figures, représentant 15 attitudes différentes : deux danseuses au flambeau, une danseuse à la marguerite, une danseuse aux pipeaux, une danseuse relevant sa jupe, une danseuse aux cymbales, une danseuse chantant, quatre danseuses à l’écharpe. La statuette est la danseuse n°14, dite « à l’écharpe, pied gauche levé ». Sans doute la plus populaire de l’ensemble, elle est souvent comparée aux chorégraphies de Loïe Fuller, qui jouant avec des voiles démesurés, triompha à l’Exposition Universelle de 1900 dans un pavillon décoré par le sculpteur symboliste Pierre Roche. En fait, Léonard paraît surtout inspiré par un courant chorégraphique néo-grec et la robe de ses danseuses évoque davantage les tuniques Delos de Fortuny que les gazes vaporeuses de la danseuse américaine. La presse compara d’ailleurs à l’époque les personnages de Léonard aux statuettes grecques antiques dites de Tanagra.
Le sujet est choisi par Alexandre Sandier, le directeur artistique de Sèvres, pour moderniser l’esprit de la vieille Manufacture fondée au XVIIe siècle et qui cherchait alors à mieux coller à son époque, notamment pour répondre à la concurrence d’autres maisons françaises ou étrangères, comme la Manufacture autrichienne Royal Dux Bohemia dont nous présentons dans la vitrine face à celle des œuvres de Léonard, un méhariste en biscuit polychrome représentatif de la mode orientaliste de l’époque. Le succès du groupe de Léonard fut énorme et les statuettes furent commercialisées en deux grandeurs. En 1901, l’artiste présente les mêmes figures, éditées par le célèbre fondeur parisien Susse Frères. En bronze doré, en chryséléphantine (bronze pour les vêtements, ivoire pour les chairs), en bronze argenté ou étamé, cette nouvelle version confirma le succès des statuettes dont certaines furent montées en lampe électrique, l’ampoule étant précisément cachée dans l’écharpe. Dans toutes les tailles, dans tous les matériaux, pour tous les usages, pour toujours plus de collectionneurs…Voilà ce qui pourrait être la définition d’une époque toute tendue vers les arts appliqués à l’industrie. Et l’on comprend bien ici comment Léonard put séduire les éditeurs avisés comme Sandier qui engageait alors la manufacture nationale de Sèvres dans une voie dynamique et créative comme on le remarquera avec d’autres artistes dans cette même vitrine ou dans la galerie de sculpture du bassin.
Cette œuvre est présentée dans une vitrine de céramiques le long du grand bassin.
Légende :
Agathon LÉONARD (Léonard Agathon Van Weydeveldt, dit) (Lille, 1841 – Paris, 1923)
Danseuse à l’écharpe. danseuse no 14 du surtout de table Le Jeu de l’écharpe, 1900-1903
Biscuit de Sèvres
H. 54 ; L. 35,5 ; P. 16,5 cm
Don de la manufacture nationale de Sèvres en 1904
Photo : Arnaud Loubry