Abdelkader : L’émir de la résistance
Les collections du musée de Roubaix conservent un très beau portrait d’Aïcha, une femme d’Abdelkader (1866), par Constant Brochart (1816-1899). Ce pastel très fragile et rarement montré est un exemple parfait des choix esthétiques de l’art orientaliste du XIXe siècle mais son modèle supposé permet surtout d’évoquer la grande figure de la résistance algérienne à la conquête française, l’émir Abdelkader (1808- 1883).
Ce chef religieux et militaire, savant musulman et soufi, a fédéré les tribus algériennes pour lutter – non sans un certain succès – contre l’envahissement français. Personnalité emblématique, très respectueux des droits de ses opposants, il suscita à l’époque une admiration unanime et reçut du monde entier honneurs et décorations. Contrôlant, grâce au traité de la Tafna (30 mai 1837), de vastes territoires constituant un état fonctionnel, Abdelkader affirme son autorité spirituelle et enseigne une fierté nationaliste.
En 1839, dédaignant les termes du contrat de paix, le duc d’Orléans puis le général Bugeaud engagent les troupes françaises dans une conquête totale de l’Algérie. La guerre de guérilla est, dans un premier temps, favorable aux indépendantistes mais finalement Abdelkader est contraint de se rendre le 21 décembre 1847. Envoyé en France, il est gardé en captivité jusqu’en 1852 avant un exil pour la Turquie puis la Syrie où il meurt, à Damas en 1883.
L’exposition-dossier, organisée autour de portraits de l’émir prêtés par le Château de Versailles, présentera l’itinéraire et l’héritage de l’émir. Considéré depuis 1962 comme le fondateur de l’État algérien moderne, il reste une figure très vivante dans l’Algérie contemporaine et sa présence dans le projet de Printemps algérien de La Piscine constitue un élément symbolique fort de cette saison inédite.
Catalogue édité à l’occasion de l’exposition.
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