Architecture de l’extension: le projet choisi
C’est le projet architectural de Jean-Paul Philippon qui a été retenu pour l’agrandissement du musée La Piscine. Un choix qui n’a pas été laissé au hasard… En effet, ses propositions avaient déjà été retenues par le jury du concours international de concepteur pour les travaux de transformation de la piscine en musée en 1994. Ses grandes réalisations concernent d’ailleurs majoritairement des musées : Orsay, le musée des Beaux-Arts de Quimper ou encore le musée d’art et d’archéologie de Valence.
Nous lui avons posé trois questions pour en savoir plus sur les transformations que va vivre le musée.
Vous êtes l’auteur du premier projet de réhabilitation de l’ancienne piscine de Roubaix en musée, quelle relation entretenez-vous avec le musée ?
Jean-Paul Philippon : Le premier chantier m’a occupé pendant 7 ans. J’ai respecté l’œuvre d’Albert Baert, depuis la structure du bâtiment jusqu’aux détails les plus fins, sans jamais oublier son histoire sociale.
Pour le nouveau projet, j’ai eu besoin de faire quelques croquis sur place. Un gardien est venu me voir : ‘’Ah ! Vous êtes l’architecte, je croyais que vous étiez mort…- Je suis vivant !’’ J’aurais pu ne pas être retenu pour réaliser l’extension de La piscine … mais j’aurais eu mal !
Cette relation affective avec le musée s’étend au reste de la ville où l’on m’a confié une mission d’urbanisme du centre et de l’ouest.
Quels sont les grands principes de l’extension ?
Jean-Paul Philippon : Le bassin gardera son rôle de ‘’place du village’’. Les usages, bals ou concerts, doivent s’y renouveler, c’est essentiel ! Le cahier des charges s’appuie sur 3 points : l’enrichissement des collections, le projet d’accueil vers tous les publics, même en grande difficulté, et l’amélioration des conditions de travail des équipes.
Après le hall d’entrée, le visiteur passera sous le tableau de L’Abolition de l’esclavage pour contempler le Panorama de l’inauguration de l’Hôtel de ville (1911). Dans cette vaste salle on racontera l’histoire architecturale, économique et sociale de Roubaix.
Puis dans le prolongement du bassin, une galerie complétera le thème de la sculpture de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe. Le visiteur arrivera ensuite dans un dédale de salles dont celle réservée à l’atelier restitué du sculpteur Henri Bouchard (1875-1960).
La lumière venant de la rue de l’Espérance sera filtrée par un moucharabieh.
Le musée s’agrandit aussi rue des Champs : une galerie sera dédiée aux artistes du Groupe de Roubaix. À côté, dans l’ancien collège Sévigné, des ateliers de pratiques artistiques compléteront les espaces dédiés à l’animation.
Enfin, dans l’actuelle aire de service, de nouveaux vestiaires et espaces de travail seront aménagés.
Votre rêve d’architecte pour La Piscine ?
Jean-Paul Philippon : Il faut que le visiteur puisse trouver son rythme, choisir son parcours. Le musée peut être le lieu de vie idéal. On y voit la beauté. On ne va pas au musée pour s’ennuyer.
Il ne faut pas que le visiteur s’y sente contraint. C’est cette métaphore de la ville, cet ancrage dans le territoire qui m’a guidé ici, comme lorsque j’ai fait le musée d’Orsay dans la gare ou, plus récemment, le musée de Valence.