Visite guidée – Aristide Maillol : La quête de l’harmonie
Chaque samedi à 16h, La Piscine propose une visite guidée de l’exposition temporaire en cours
25 février – 28 mai 2023 :
Aristide Maillol (1861-1944) : La quête de l’harmonie
Très présent à Paris grâce aux bronzes implantés dans les jardins du Carrousel par Dina Vierny et André Malraux, ouvrant avec Ile-de-France la galerie de sculpture de La Piscine, le catalan Aristide Maillol apparait comme un sculpteur aussi incontournable que mal compris et mal connu.
Fruit de plusieurs années de recherches menées grâce au soutien de la Fondation Dina Vierny, cette exposition propose une lecture renouvelée de Maillol : celle d’un travailleur probe et acharné, qui fait, défait, refait et bâtit un grand œuvre à partir d’un corpus réduit de formes. L’exposition dévoile ce processus créateur, parfois interprété à tort comme la répétition continuelle d’un même idéal féminin, alors que les recherches formelles uniques de Maillol se déclinent dans un perpétuel renouvellement.
Grâce à des prêts exceptionnels, le travail de Maillol est présenté dans toute sa variété : principalement sculptures, mais aussi peintures, céramiques, broderies et objets d’art décoratif, ainsi que dessins et gravures. Si l’exposition déroule l’ensemble de sa carrière, elle développe en particulier la période des débuts, au cours de laquelle Maillol découvre sa véritable vocation et s’affirme comme sculpteur.
Son parcours artistique est en effet loin d’être linéaire. Après avoir commencé à se faire connaître comme peintre au Salon de 1890, il se tourne vers la tapisserie qu’il ambitionne de rénover. Regardant Gauguin et Puvis de Chavannes mais aussi l’Art nouveau, il tisse des liens étroits avec les Nabis qu’il rencontre à la fin de 1894 et se lie durablement avec Maurice Denis ou Édouard Vuillard. Se révèle alors un artiste épris d’expérimentations et de transpositions, autour du motif de la Femme à la vague notamment, dans une démarche artisanale qui constitue durablement le ferment de son art. Maillol aborde la sculpture vers 1895 seulement avec de petites œuvres sur bois remarquées par Octave Mirbeau, Ambroise Vollard, les frères Bernheim, Eugène Druet ou encore Gustave Fayet. Auguste Rodin pour sa part voit dans sa Léda le type même d’une sculpture silencieuse, « qui ne dit rien », mais s’impose par sa perfection formelle. Exécutée pour le comte Harry Kessler (comme plus tard le Cycliste et le Désir), la première figure ambitieuse de Maillol, Méditerranée, apparaît au Salon d’automne de 1905 comme le manifeste d’un « retour à l’ordre » : proscrivant toute recherche d’expression, il instaure un nouveau classicisme et inscrit des corps presque exclusivement féminins, à l’anatomie charpentée et sensuelle, dans des formes géométriques simples relevant d’un art calme et apaisé. Confrontés aux variations autour du Monument à Cézanne, le groupe des Nymphes de la prairie et la Montagne, commandés pour l’exposition de 1937, concluent de manière grandiose ce parcours singulier.
Maillol dégage des masses et construit ses compositions, guidé par les possibilités infinies de la nature, avec un sens aigu de la synthèse et de l’environnement. Il délaisse le sujet, l’accident, au profit de l’essence. Visant à une intemporalité enracinée dans une sorte d’universalité archaïque, son œuvre est étranger à l’histoire des avant-gardes mais compte pleinement dans l’histoire de la modernité. Cette rétrospective souligne ainsi le rôle joué par Maillol dans le panorama de la sculpture de la première moitié du XXe siècle : face à l’expressionisme de Rodin, il incarne les valeurs de clarté et d’équilibre des formes qui font de lui l’aboutissement de la grande tradition classique.
Cette exposition a été présentée à Paris au musée d’Orsay du 11 avril au 28 août 2022 et au Kunsthaus de Zurich du 23 septembre 2022 au 22 janvier 2023.
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