- Galerie de sculpture du musée national de Roubaix installé dans l'ENSAIT au début du XXe siècle
Historique du musée
L’histoire des collections du musée de Roubaix est riche et complexe et explique aujourd’hui la diversité des collections présentées et l’importance du fonds roubaisien.
Du musée industriel au Musée National de Roubaix
L’origine de La Piscine – musée d’art et d’industrie remonte à 1835, date de la création du musée industriel de Roubaix. Celui-ci présente alors, dans de gros ouvrages reliés, des échantillons significatifs de la production textile contemporaine de la ville. En 1861, grâce à un accord municipal, le musée élargit son champ d’action aux Beaux-Arts qui viennent alors s’ajouter au riche fonds textile. En 1862, les collections du musée de la ville sont transférées à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles (ENSAIT) à des fins pédagogiques pour enrichir la formation des futurs ingénieurs des industries textiles. Les collections sont donc sous la tutelle de l’Etat et le musée devient alors le Musée National de Roubaix. A partir de 1900, les collections se développent considérablement grâce à Victor Champier. Ancien directeur de la Revue des Arts Décoratifs, il œuvre pour l’abolition de la frontière entre Beaux-arts et arts décoratifs et succède à Verlais à la tête de l’école. Il joue alors un rôle majeur dans l’évolution du musée : des achats d’art moderne sont réalisés (Lebourg, Martin, Désiré-Lucas), des céramiques de Sèvres provenant des Expositions Universelles sont attribuées au musée grâce à son entregent et sa réputation de critique d’art favorise les dons (Galland en 1892, Roche, Lemaire).
Parallèlement, le négociant textile roubaisien Henri Selosse lègue sa collection dont le fonds représente une part importante des collections du musée actuel. Il est composé de peintures, de dessins, de sculptures et d’objets d’art et comporte des signatures importantes (Ingres, Fantin-Latour, Lépine, Gérôme, Weeks, Loir, Cogghe…).
Avec le musée, Champier a la volonté d’établir un contact permanent entre les œuvres d’art et les techniciens textiles dans le but de promouvoir l’alliance de l’art et de l’industrie.
Cependant, comme l’ensemble des musées nationaux, le musée de Roubaix ferme durant la seconde Guerre Mondiale. Les collections alors considérées comme démodées, le Musée National de Roubaix ne rouvrira jamais à la Libération, il est alors déclassé par l’Etat et les collections sont abandonnées dans l’Ensait.
Un nouveau musée à Roubaix : le musée Weerts
En 1924, le peintre roubaisien Jean-Joseph Weerts (1846-1927), célèbre pour ses portraits mondains et ses décors publics, fait don à Roubaix de son fonds d’atelier afin de créer dans sa ville natale un musée monographique. Cet établissement municipal est alors installé dans les locaux de l’Hôtel de ville. De 1963 à 1980, Marcel Guillemyn dirige ce musée. Dans les années 1970, il fait évoluer la vocation du lieu en intégrant quelques vestiges du grand musée de 1889, notamment le legs Selosse et en réunissant des documents relatifs à l’histoire locale devant servir de base à un musée d’arts et traditions populaires qui ne vit jamais le jour. Au début des années 1980, le musée Weerts ferme ses portes dans l’indifférence générale. Didier Schulmann succède toutefois à Marcel Guillemyn à la tête des collections. Il est le premier conservateur professionnel du musée d’art et d’industrie de Roubaix.
La naissance progressive du musée d’art et d’industrie de Roubaix
Didier Schulmann stimule le projet d’un musée réunissant à Roubaix les différents fonds. En l’absence de bâtiment pour montrer les collections, seule peut s’imaginer une programmation événementielle. Les expositions temporaires alternent alors sujets locaux et ambitions plus larges et assurent, pendant une dizaine d’années, la pérennité d’une potentialité de musée à Roubaix, réduite pour l’heure à l’occupation ponctuelle d’espaces polyvalents dans l’Hôtel de ville.
En 1988, la présentation d’une œuvre en cours d’acquisition par le Louvre, marque un tournant dans l’histoire du musée. Le groupe immobilier SARI est parmi les souscripteurs importants réunis par le Louvre pour l’acquisition du Saint-Thomas à la pique de Georges de La Tour. Alors qu’elle engage de gros projets immobiliers sur Roubaix, la SARI demande que la ville sinistrée soit l’une des rares étapes du circuit que l’on organise pour le tableau, qui va rejoindre le patrimoine national. Et c’est dans les galeries abandonnées du musée national, fermé depuis près d’un demi-siècle que Didier Schulmann organise, avec un extraordinaire succès, la révélation du Saint-Thomas, accompagnée d’une présentation exceptionnelle des tableaux emblématiques du fonds roubaisien, véritable découverte pour les visiteurs. Roubaix revient alors à son musée et la roue paraît pouvoir enfin tourner. L’aventure de La Piscine peut commencer.
Différents sites sont proposés pour accueillir le musée mais aucun accord n’aboutit. En 1990, le conseil municipal valide l’idée lancée par la nouvelle équipe de conservation du musée de transformer l’ancienne piscine en musée. Une salle de préfiguration du grand musée est ouverte à l’Hôtel de Ville afin de présenter, par roulement, les collections du futur musée.
Construite en 1932, la piscine de la rue des Champs avait fermé ses portes en 1985. Le projet est confirmé en juillet 1992 et une convention est signée entre l’Etat et la Ville de Roubaix transférant les collections de l’ancien musée national à la ville de Roubaix. Le musée recevra d’importants dépôts des musées nationaux, notamment du musée d’Orsay, du Musée National d’Art Moderne et du Fonds National d’Art Contemporain. La Piscine ouvre finalement ses portes en octobre 2001.
Construire et animer un musée solidaire
En 1990, le premier projet scientifique et culturel, qui a défini les bases de l’engagement fondamental de La Piscine, s’intitulait Construire un musée solidaire. Ce cahier des charges définissait les missions d’un service public de musée dans une ville dans une ville encore mal à l’aise avec les questions de la culture et du patrimoine. Le choix du site – l’ancienne piscine, symbole du socialisme municipal de Jean Lebas – et l’attention particulière accordée aux jeunes publics – tant dans l’accompagnement que dans la programmation qui leur permet de rencontrer les plus grands artistes – étaient les fondements des partis pris qui, aujourd’hui encore, conduisent l’équipe du musée.
Au quotidien, des partenariats engagés par le musée, particulièrement soutenus par la Société des Amis du musée et le Cercle des Entreprises Mécènes de La Piscine, avec des associations qui œuvrent dans le champ social permettent de désacraliser l’image du musée et de faciliter son accès. Tous ces projets sont comme inscrits dans les gènes d’une équipe unanimement engagée dans le chantier, jamais achevé, de la solidarité
Un agrandissement devenu rapidement nécessaire
Depuis son ouverture en octobre 2001, La Piscine connaît un remarquable succès médiatique et public. Le patrimoine muséal roubaisien s’est enrichi de dépôts, de dons et d’achats effectués par la Ville ou grâce aux Amis du Musée et au Cercle des Entreprises Mécènes de La Piscine. Pour conserver et présenter ces ensembles conséquents de plusieurs milliers de références, un agrandissement s’est rapidement imposé. Lauréat du concours lancé en 2011, c’est à nouveau Jean-Paul Philippon qui est chargé d’écrire cette nouvelle page architecturale de l’histoire du musée.
Après 18 mois de travaux et 6 mois de fermeture, nécessaire à l’installation des nouvelles présentations, La Piscine a rouvert ses portes en octobre 2018. Avec plus de 2000 m2 supplémentaires, les nouveaux espaces dédiés à l’Histoire de Roubaix, à la sculpture, au Groupe de Roubaix, aux expositions temporaires et aux jeunes publics ont permis un enrichissement historique du parcours des visiteurs et des services offerts par le musée.