Financement participatif : La Famine en Algérie, un ambitieux projet de restauration
A partir du 19 janvier, le musée La Piscine et les Musées des Beaux-Arts de La Rochelle et de Limoges lancent une opération de financement participatif et proposent au public de devenir acteur de l’exposition itinérante L’Algérie de Gustave Guillaumet, en contribuant à la restauration d’une œuvre majeure de l’artiste.
Du 8 mars au 2 juin 2019, l’exposition L’Algérie de Gustave Guillaumet prendra place à La Piscine au cœur d’une saison consacrée à l’Algérie. L’exposition soulignera le regard ethnographique de ce peintre-voyageur, tout en confrontant son œuvre au regard de créateurs contemporains. La campagne de financement participatif permet au public de contribuer à la restauration de La Famine en Algérie, unique témoignage des événements tragiques qui ont touché la population algérienne dans les premières décennies de la colonisation.
La restauration de La Famine, un témoignage unique de l’Histoire de l’Algérie
Témoin de la conquête de l’Algérie et de l’histoire coloniale, Guillaumet dénonce dans ce tableau une situation dramatique, qui décime le pays entre 1866 et 1868 : un tiers environ de la population algérienne périt alors, touchée par les épidémies et la famine. En métropole, les pouvoirs publics et l’opinion sont alertés sur ce « fléau » qui n’est pas seulement imputable à la sécheresse, mais aussi à l’extrême paupérisation des populations rurales algériennes, dans le cadre de la colonisation qui confisque leurs terres.
Dans ce grand tableau où les figures sont peintes à échelle humaine, le jeune artiste peint avec les moyens de la peinture d’histoire, à la manière des Scènes de massacre de Scio de Delacroix, qu’il admire : révolté, il veut indigner le public et susciter sa compassion pour les victimes. Guillaumet est le seul peintre français à avoir tenté de figurer cet épisode tragique de l’histoire coloniale, en présentant son tableau au Salon de 1869.
Retrouvé après de longues recherches en très mauvais état au musée Cirta de Constantine (Algérie), ce tableau doit être restauré. Les dons récoltés permettront de compléter le coût de la restauration, qui s’élève à 25 000 euros, en intervenant dans un premier temps sur le support (toile et châssis) puis, dans un second temps sur la couche picturale. Si la collecte est dépassée, les fonds supplémentaires seront utilisés pour financer d’autres projets liés à l’exposition : le film de Habiba Djahnine, le catalogue et le transport de l’œuvre majeure de l’artiste l’Habitation saharienne.
Cette restauration permettra de restituer à l’Algérie un témoignage unique de l’un des moments les plus sombres de son histoire pendant la période coloniale, peint avec empathie par un artiste français témoin de ces événements. La présence au sein de l’exposition de ce grand tableau, qui révèle la composante romantique de la personnalité artistique du peintre, permettrait de lui rendre justice, en dévoilant un aspect de sa sensibilité à la domination coloniale.
Une exposition, quatre étapes, 130 000 visiteurs attendus :
- La Rochelle, musée des Beaux-Arts: 8 Juin- 17 septembre 2018
- Limoges, musée des Beaux-Arts: Octobre 2018-janvier 2019
- Roubaix, musée La Piscine: 8 mars-2 juin 2019
Pour faire un don, rejoignez-nous sur la plate-forme Dartagnans, projet Guillaumet jusqu’au 28 février.
Qui est Gustave Guillaumet?
Le peintre Gustave Guillaumet (1840-1887) est l’une des figures les plus marquantes de l’orientalisme français. Pourtant, bien que très présent dans de nombreux musées de France, et dans les principales expositions consacrées à la peinture orientaliste des dernières décennies, son œuvre reste peu connu.
Né en 1840 à Puteaux, d’une famille de teinturiers dont les moyens lui permettent de se consacrer pleinement à son art, il découvre l’Algérie un peu par hasard alors qu’il devait s’embarquer pour l’Italie. Il est fasciné par ce qu’il y voit et consacrera sa vie à peindre ce pays qu’il est l’un des premiers artistes à avoir visité de façon intensive (11 séjours entre 1862 et 1884). Sa pratique de longs séjours et d’investigation systématique a généré une familiarité avec l’Algérie qui éclaire la tonalité particulière de son œuvre, tout à la fois exigeante, sensible et grave. Il meurt jeune à 47 ans.